L’exigence de performance et la pression psychologique du haut niveau
Le culte de la performance entraîne un effort psychologique quasi constant chez les sportifs de haut niveau. Ces derniers doivent se préparer mentalement pour pouvoir développer leurs habiletés mentales et cognitives afin d’optimiser leurs performances. Toutefois, si on regarde de plus près, la préparation mentale est pratiquée avant les périodes de compétitions mais après ces événements, on n’observe que très peu de suivi psychologique. De plus, cette préparation mentale consiste à optimiser ses capacités physiques donc reste dans la logique du culte de la performance qui elle-même est source de pression pour les sportifs.
Nous nous questionnons donc quant aux risques de l’exigence de performance et de la pression psychologique exercée sur les sportifs de haut niveau.
L’histoire récente du sport regorge d’exemples
Malgré cette préparation mentale, les sportifs sont de plus en plus sujets aux difficultés psychologiques et notamment aux troubles dépressifs. En 2021, Simone Biles multiple championne olympique et gymnaste craque aux Jeux de Tokyo. Elle confie alors avoir besoin de protéger sa santé mentale au New York Magazine et concède qu’elle aurait « dû abandonner bien avant Tokyo. ». La même année, Naomi Osaka faisait part de ses problèmes d’anxiété et de dépression en plein tournoi de Roland Garros. Tout dernièrement, c’est la numéro 1 mondiale, Ashleigh Barty qui annonçait qu'elle mettait un terme à sa carrière à seulement 25 ans.Ces sportives professionnelles n’ont pas été les premières à rencontrer des troubles de la santé mentale. Au début des années 2000, Marie-José Pérec est passée par des phases de dépression. De nombreuses et nombreux sportifs ont publiquement reconnu leurs maux : Jan Ullrich, Marion Bartoli, Christophe Dominici, s’il ne fallait en citer que quelques-uns pour illustrer que toutes les disciplines sportives sont concernées.
Le coût psychologique des performances sportives
Évoluer professionnellement en étroite dépendance avec ses résultats et ses performances physiques, n’est pas sans coût psychologique. En effet, d’après l’enquête menée en 2020 par le comité Éthique et Sport évaluant la santé mentale de 1200 sportifs, plus de 89% d’entre eux ont déjà ressenti un manque d’énergie, un sentiment de tristesse (88%), de l’anxiété (86%) et un manque de confiance (86%). La moitié des sportifs interrogés éprouvent un manque d’envie de pratiquer leur passion et se rendent à contre cœur à leurs entraînements. Ainsi, ils ont le sentiment de stagner ce qui les entraîne dans un cycle de mal-être où ils ne parviennent plus à retrouver la motivation et la performance qu’ils pouvaient atteindre, et donc perdent confiance en eux.
Le documentaire « Le poids de l’or » produit par Michael Phelps, légende de la natation, met en exergue ces difficultés bien trop peu abordées. Ce dernier apparaît avec à ses côtés une vingtaine de sportifs olympiques, le skieur Bode Miller, la patineuse Gracie Gold ou bien la sprinteuse Lolo Jones, tous aux histoires poignantes. Par ce documentaire, ils souhaitent pousser le comité olympique et paralympique américain à mettre les moyens nécessaires dans l’aide pour la santé mentale. Plus généralement, ils ont pour objectif de mettre en avant le manque de considération de la santé mentale des sportifs.
Prévenir, éduquer, anticiper, récupérer
Preuve du manque de considération sur le sujet, il existe trop peu de moyens à disposition des sportifs. Myriam Kloster, joueuse française de volley-ball, indique lors d’une interview pour le Huffingtonpost que : « C’est parfois compliqué d’avoir un kiné, alors un psy, n’en parlons pas. ».
Ce manque de moyens mis à disposition pour un suivi psychologique découle directement des tabous présents autour des problématiques liées à la santé mentale.
Elise Anckaert, psychologue du sport à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (INSEP) remarque à travers le suivi de nombreux sportifs que l’exigence de performance rend encore plus taboues les potentielles faiblesses des sportifs. Ces derniers se conditionnent pour ne pas se comparer au commun des mortels. Il leur est encore plus difficile d’accepter ce mal-être et par la suite de se faire entendre.
Une solution simple pour ne pas éluder le sujet
La santé mentale est avant tout une affaire de santé. Pourquoi vouloir traiter le sujet de manière différenciée ?
En Occident, nous cultivons une forme de valorisation de la souffrance dans le sport. On attend bien souvent de passer un certain seuil de douleur pour considérer le problème, qu’il soit physique ou psychologique…
Depuis longtemps, pourtant, nous savons que prévenir vaut mieux que guérir.
Sur le plan physique, la récupération est un sujet qui est de mieux en mieux documenté scientifiquement et qui intègre désormais de nombreux plan d’entrainements, non seulement pour le maintien, mais de plus en plus pour améliorer la performance.
La récupération psychologique passe par une bonne qualité de sommeil.
Si tout le monde a pu expérimenter l’impact du sommeil sur une bonne récupération physique, il en est de même sur le plan psychologique.
En effet, le sommeil joue un rôle crucial sur le mental car il permet l’évacuation les toxines du tissu cérébral afin de maximiser la coordination et la concentration en journée, qualités essentielles du sportif. Le sommeil joue également sur les hormones du bien-être : la sérotonine et les endorphines notamment. Celles-ci sont sécrétées par l’amygdale pendant la nuit. Mais si la quantité de sommeil n’est pas suffisante, l’adrénaline et le cortisol vont prendre davantage de place et vont développer des troubles anxieux.
La qualité de sommeil est essentielle pour permettre à son mental de relâcher la pression. Dormir est un espace de récupération primordial pour sa routine. Au-delà des bienfaits sur le plan physique, il permet d’accorder au cerveau un temps indispensable pour se reposer.
Prise de conscience de plus en plus importante
Différentes stratégies ont été développées par des médecins spécialisés mais aussi des psychiatres et des psychologues afin d’améliorer la santé mentale pour le sport de haut niveau notamment au Canada. Cette stratégie évoque en priorité l’engagement des parties prenantes et la communication, la promotion de la santé mentale, la prévention de ces difficultés mais aussi le diagnostic et le suivi psychologique des sportifs. Par ailleurs, les problématiques étant récurrentes aux Jeux Olympiques, le Comité International Olympique a conçu une boîte à outils sur la santé mentale des athlètes de haut niveau. Celle-ci met en avant différentes ressources afin de prévenir les risques et permettre une meilleure prise en charge des sportifs.
Que ce soit sur le plan physique ou psychologique, la récupération est indispensable pour avancer, pour progresser, pour se dépasser…
Chez Elemat, notre philosophie est le Temps Zéro. Le temps de la bascule entre l’effort et le réconfort. Le temps qui permet d’apprécier le plaisir de l’effort et le plaisir de la récupération. Que ce soit sur le plan physique ou psychique, le plaisir est le moteur d’une routine. Notre routine c’est le Temps Zéro.